Publié dans Lettres ouvertes

Poser rapidement des gestes simples, évidents et efficaces pour la transition énergétique du Québec

Par Stéphane Forget, MBA, ASC
Président-directeur général

Il faut saluer la bonne nouvelle : dans son discours inaugural du 28 novembre, le premier ministre François Legault a explicitement fait de l’enjeu climatique une préoccupation de son gouvernement. Quant à la façon dont cette préoccupation s’incarnera dans des gestes concrets, on jugera l’arbre à ses fruits.  D’ici là, la chance doit être au coureur.  La chance, certes. Mais pas le temps.

Le Québec a déjà pris beaucoup de retard sur son objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 20 % en 2020, par rapport à ses émissions de 1990. Selon le plus récent inventaire québécois des émissions de GES, en 2016, à quatre ans de l’échéance, nous n’en étions qu’à 9,1 %.

Le nouveau gouvernement n’est certes pas imputable de ce retard. La question n’est pas là. Cependant, le gouvernement doit prendre des mesures efficaces et urgentes pour combler ce retard. Les discussions en cours à la COP24 ou les divergences lors de la rencontre des premiers ministres, la semaine dernière, nous le rappellent avec vigueur.

D’abord, une vérité toute simple : le transport est à lui seul la source de 43 % de nos émissions de GES. Pendant que l’ensemble des autres secteurs d’activité réduisaient leurs émissions de près de 24 % (et dépassaient ainsi l’objectif de 20 %), le secteur du transport augmentait les siennes de 22 %. Le secteur des transports et ses entreprises doivent bénéficier de l’aide nécessaire pour acquérir de nouvelles technologies propres, et ainsi, améliorer leur bilan environnemental et diminuer dans bien des cas leurs coûts de déplacement. Doivent être privilégiés les transports collectifs et d’autres modes de transport alternatifs, ainsi que des carburants autres.

Cela dit, nul besoin d’attendre d’avoir réinventé la roue pour mener à bien des initiatives porteuses. Au Québec, des outils et programmes existent déjà, qui ne demandent qu’à être dynamisés ou recadrés pour remplir adéquatement leur mission et contribuer significativement à la baisse de nos émissions de GES.

La stratégie de transition énergétique du Québec repose sur deux outils fondamentaux : le Plan d’action sur les changements climatiques (PACC) et le Système de plafonnement et d’échange de droits d’émission de gaz à effet de serre (SPEDE). Non seulement le SPEDE a pour rôle de freiner l’émission de GES en leur assignant un coût, mais les recettes gouvernementales du SPEDE financent l’essentiel du Fonds vert, créé en 2006 pour financer des initiatives réductrices de GES.

Ces outils n’ont pas été à la hauteur des attentes. De l’avis de la FCCQ, trois conditions gagnantes sont de nature à leur redonner l’efficacité qu’ils auraient dû toujours avoir.

D’abord, il est déconcertant de constater que le Fonds vert accumule les surplus, qui totalisaient près d’un milliard de dollars au 31 mars dernier.

Une première condition gagnante serait donc, tout en préservant les montants dédiés au transport collectif, de consacrer rapidement ces sommes à des actions qui présentent le meilleur coût par tonne d’émissions de GES évitées. Le recours à cet indicateur de performance permettrait de comparer la performance des programmes et de mieux cibler ceux qui nous en offrent plus pour notre argent. Ce n’est malheureusement pas le cas actuellement.

Depuis sa création, le Fonds vert n’atteint qu’environ 20 % de ses cibles. D’où une seconde condition gagnante : augmenter l’imputabilité des ministères et organismes responsables des programmes, en confiant à une tierce partie, et en rendant publique, l’évaluation de leur performance. Le gouvernement pourrait ainsi s’inspirer de l’approche mise en place par la Régie de l’énergie envers les distributeurs, qui doivent faire évaluer leurs programmes d’efficacité énergétique par une tierce partie et publier des rapports d’amélioration externes.

La FCCQ a recensé plus de 170 initiatives financées par le Fonds vert, dont plus des deux tiers ne permettront vraisemblablement pas des réductions significatives des émissions à court et moyen termes. Aussi, une troisième condition gagnante serait de recentrer le choix des mesures et des programmes pour se concentrer sur l’essentiel, c’est-à-dire ceux qui permettront de maximiser la réduction des émissions GES.

Il faut intensifier nos efforts pour accélérer la transition énergétique du Québec. Il ne s’agit pas simplement de faire plus, il faut surtout faire mieux : mieux choisir nos programmes, mieux en mesurer les résultats, et ce, pour mieux réduire notre empreinte de carbone.

Il faut surtout réaliser que la transition énergétique ne repose pas sur un arbitrage ingrat à faire entre protection de la planète et création de richesse. Parce que la transition énergétique requiert la mise au point et l’implantation de technologies plus efficaces, elle porte en soi d’immenses occasions de développement économique.

À propos de Stéphane Forget, MBA, ASC
Président-directeur général

Stéphane Forget est président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec. À la FCCQ depuis 2014, il a d’abord occupé le poste de vice-président, Stratégie et affaires économiques. Auparavant à la Société de transport de Montréal (STM), il a agi à titre de directeur exécutif, Relations externes et planification stratégique ainsi qu’à titre de directeur, Coordination des dossiers stratégiques.

Précédemment, il a cumulé une vaste expérience des affaires gouvernementales et publiques, occupant diverses fonctions au sein de la Ville de Montréal, dans le monde associatif,  à la Société Radio-Canada et au gouvernement du Québec.

Il est détenteur d’une maîtrise en administration des affaires (MBA) de l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal  (ESG-UQAM) et d’un certificat en droit de l’Université de Montréal. Au printemps 2019, il a obtenu la désignation d’administrateur de sociétés certifié (ASC).

Monsieur Forget est membre du Conseil et du comité exécutif de la Commission des partenaires du marché du travail (CPMT), membre du Conseil d’administration de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) et membre du Comité consultatif du travail et de la main d’œuvre (CCTM).

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