La hausse des salaires et la compétitivité de nos entreprises
Nous assistons depuis plusieurs mois à une hausse marquée du taux de postes vacants au Québec. Ce phénomène qui risque de perdurer jusqu’en 2030 inquiète les entreprises québécoises qui sont déjà confrontées à une pénurie de main-d’œuvre significative et un taux de chômage bas. Le Québec se classe d’ailleurs dans le peloton de tête des provinces ayant un taux de chômage bas. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, il n’y a que 1.1 chômeur disponible par poste vacant et notre moyenne du troisième quartile était évalué à 238 050 postes vacants, soit une des plus importantes au Canada.
Véritable enjeu d’actualité des dernières années, la main-d’œuvre vient à manquer, et ce, quel que soit le secteur économique. Ce resserrement du marché du travail et les changements démographiques que nous rencontrons ont ainsi entraîné une hausse marquée des salaires offerts. Comme en témoigne le tableau ci-dessous, si nous comparons le deuxième trimestre de 2015 à celui du troisième trimestre de 2021, nous constatons que les salaires offerts pour les postes vacants ont augmenté de 17,3%.
Graphique – Moyenne du salaire horaire offert pour les postes vacants au Québec, T1 2015 à T3 2021
Source : Compilations spéciales de la FCCQ à partir de données de Statistique Canada (Tableau 14-10-0326-01). Les données ne sont pas disponibles pour les deuxième et troisième trimestres de 2020.
La croissance des salaires n’est pas une panacée
Le premier ministre, comme plusieurs observateurs, met l’accent sur la croissance des salaires comme solutions aux pénuries de main-d’œuvre. Dans ce contexte où la main-d’œuvre, qu’elle soit québécoise ou immigrante n’est pas disponible, les hausses de salaire plus fortes n’amèneraient malheureusement pas davantage de personnes sur le marché du travail, mais seulement davantage de compétition entre les entreprises concernant le recrutement et la rétention.
Globalement, le taux d’activité chez les adultes en âge de travailler au Québec atteint déjà un niveau relativement élevé. Il reste donc très peu de marge de manœuvre si on en juge par la situation prévalant avant la pandémie. Malgré des salaires supérieurs, l’Ontario a un taux d’activité inférieur, signe que la rémunération n’est pas un facteur si déterminant à l’intégration au marché du travail.
Taux d’activité des 15 à 64 ans, 2019
Source : données tirées de Taux d’activité selon le groupe d’âge, 2019 | Le Québec économique
De surcroit, une hausse des salaires moyens pourrait même diminuer l’offre d’heures de travail. En général, on évalue qu’une hausse de 10 % des salaires diminue les heures de travail de 1 %.
Une augmentation généralisée des salaires ne permettra pas d’augmenter le nombre de travailleurs. L’équilibre du marché du travail s’atteindra par une augmentation de la productivité, qui ne sera atteinte que par des investissements importants, mais ciblés, en formation et en automatisation, mais également par le développement d’organisations agiles et innovantes. L’atteinte de tels objectifs nécessite l’intervention du gouvernement, notamment le ministère des Finances (MFQ) et celui de l’Économie de l’Innovation (MEI).
La FCCQ croit qu’il s’agirait là d’un mandat pour un Comité ministériel de relance économique qui regrouperait, notamment, le ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI), le ministère des Finances du Québec (MFQ), le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité Sociale (MTESS), le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI), le ministère de l’Éducation (MEQ) et le ministère de l’Enseignement supérieur (MES). Aucun des deux Comités ministériels actuellement en place ne regroupe ces ministres.